Dans cet épisode, l'animatrice et coach de natation Nadine Rolland aborde des sujets reliés aux stratégies d’enseignement dans des environnements bruyants ainsi qu'à la charge vocale des enseignant.e.s d’éducation physique.
Avez-vous déjà assisté à des cours de natation? Les conditions sonores à la piscine sont un gros facteur de risque pour la voix car le niveau de bruit environnant y est assez élevé. Imaginez un samedi occupé à la piscine: les nageurs et les nageuses sont dans l’eau alors que les coachs restent au bord de la piscine. En plus, les nageurs et nageuses ont souvent des bouchons dans les oreilles, ce qui oblige le ou la coach à parler encore plus fort pour être intelligible.
Et comme si ce n'était pas assez, les nageurs et nageuses portent des lunettes de natation qui gênent leur vision hors de l’eau. Ainsi, iels peuvent difficilement soutenir leur compréhension de la parole en utilisant la lecture labiale, exigeant encore plus des coachs de parler plus fort (ou d'utiliser des moyens gestuels ou visuels plus visibles).
Un·e enseignant·e en éducation physique est souvent associé.e à un risque plus élevé de développer un trouble de la voix par rapport aux enseignant·es dans d'autres types de matières. Le risque augmenté de développer une dysphonie chez les enseignant·es en éducation physique s’expliquerait par les conditions extrêmes, sur le plan vocal, de leur métier. En effet, les enseignant·es en éducation physique doivent donner des instructions lorsque les élèves sont éparpillé·es dans la cour extérieure, dans la piscine, ou lorsque de la musique joue, des sifflets retentissent, etc. Ces cas de figure particuliers impliquent qu’iels doivent parler plus fort ou crier plus fréquemment que les enseignant·es dans d’autres matières, En effet, les environnements bruyants avec beaucoup de réverbération, tels les gymnases, entraînent un niveau d’intensité vocale qui dépasse les 65 décibels habituellement nécessaires pour assurer l’intelligibilité d’une conversation (Borden, Harris, & Raphael, 2003). Pour contrer le bruit des ballons et le bruit généré par les élèves et l’écho du gymnase, l’intensité vocale des enseignant·es en éducation physique peut atteindre 100 décibels et plus (Fucci & Lass, 1999)!
Cette demande vocale élevée fait en sorte que certain·es auteur·rices considèrent les enseignant·es en éducation physique comme des « athlètes vocaux » (Trout & McColl, 2007), et donc à risque de blesser leur appareil vocal. Une étude récente sur la santé vocale des coachs sportifs aux États-Unis à laquelle 62 coachs sportifs ont participé montre que 24,19% rapportaient des symptômes vocaux compatibles avec la présence d’un trouble de la voix et que 38,71% des participant·es souhaiteraient recevoir des informations sur la santé vocale dans leur formation (Gauvin et al, 2021).
Le bruit est un son qui est désagréable et dérangeant pour toustes, tous contextes confondus. En effet, tel que décrit par Rachel Bouserhal (25:49 – 26:39), la notion de bruit n'est pas absolue; un son perçu comme agréable par une personne pourrait être considéré comme un bruit désagréable par une autre.
La notion de bruit est également subjective; ce qui est perçu comme étant du bruit pour une personne n’est pas nécessairement perçu comme tel par une autre. Par exemple, des cris d’enfants lorsqu’on désire se concentrer sur une lecture peuvent être considérés comme du bruit alors que ce même son, pour le parent qui tente de déceler les besoins de son enfant, sera perçu tout autrement. La perception de ce qui est du bruit ou pas est donc variable d'un individu à l'autre; en plus, n’importe quel son non désiré ou qui interfère avec la perception auditive de quelque chose que l’on veut entendre peut être perçu comme étant du bruit.
Dans un climat sonore de classe avec des sons perçus comme agréables ou souhaités, les exigences vocales des enseignant.e.s peuvent nécessiter des ajustements afin de protéger la voix. En tant qu’enseignant.e, même si une ambiance sonore de classe convient et est perçue comme agréable, signalant sans doute que les élèves collaborent et travaillent bien bien, il n’en demeure pas moins que ce son peut générer un certain niveau de décibels qui nécessitera un dépassement de la limite acceptable sur le plan vocal. Ainsi, malgré le fait que la notion de bruit soit subjective, par rapport à la santé vocale, certains niveaux sonores vont avoir des effets nocifs si des stratégies conscientes de protection vocale ne sont pas mises en place.
Saviez-vous qu’environ 60% des coachs de natation disent avoir des symptômes vocaux? Pour les coachs sportifs en général, cela s'élève à 80%. Les coachs de natation mentionnent plus fréquemment des infections des voies respiratoires supérieures.
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